Mis à jour le samedi
29 janvier 2000 (Le Monde)
MONTRÉAL de notre envoyé spécial
Après une semaine
d'âpres négociations, la conférence de Montréal sur le commerce mondial des organismes
génétiquement modifiés (OGM) s'est achevée par l'adoption du protocole malgré un
ultime affrontement entre l'Europe et les Etats-Unis. Les délégués des 138 pays
représentés ont accepté le texte du « protocole sur la biosécurité »
obtenu après une nuit d'âpres négociations.
Ce traité doit
définir les règles internationales régissant le commerce des organismes génétiquement
modifiés (OGM). La discussion finale s'est focalisée sur la nécessité d'identifier
clairement les OGM lors des transactions : les producteurs de céréales
transgéniques devront se préparer à établir une filière séparée, telle que celle
qui est en train de se mettre en place en Europe. Le débat a opposé l'Union européenne
et les pays en développement, d'un côté, et de l'autre le « groupe de
Miami », qui comprend les Etats-Unis, le Canada et l'Argentine, les trois principaux
- et presque les seuls - producteurs mondiaux de céréales transgéniques.
LE PRINCIPE DE PRÉCAUTION
Les délégués
canadiens affirmaient que cette mesure d'identification des OGM était « impossible
à mettre en oeuvre » et les industriels présents dans les couloirs expliquaient
qu'elle serait très coûteuse. Côté européen, le ministre danois de l'environnement,
Svend Auken, a souligné que « le protocole est un traité pour la protection de
l'environnement, pas pour la protection des producteurs ». L'Europe s'est elle-même
engagée, avec l'étiquetage des produits OGM, dans une logique de filière séparée.
L'Union européenne a fait des concessions importantes en acceptant à Montréal une
formule peu précise et un délai de deux ans avant une réelle décision internationale
sur cette indentification.
En revanche, le groupe
de Miami a accepté la mise en oeuvre concrète du principe de précaution, qui permettra
à un pays de refuser l'importation d'OGM en cas d'incertitude scientifique. Approuvée
par la quasi-totalité des délégations - et notamment par celles des pays du
tiers-monde qui ont milité activement pour son maintien -, cette disposition n'a
finalement pas été remise en cause par le groupe de Miami.
Les Etats-Unis ont
gagné du temps. l'accord adopté n'oblige pas les exportateurs d'OGM, dans l'immédiat,
à créer une filière séparée.
Hervé Kempf